Patrick Procktor, le secret de David Hockney by Fabrice Gaignault

Patrick Procktor, le secret de David Hockney by Fabrice Gaignault

Auteur:Fabrice Gaignault [Gaignault, Fabrice]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Séguier
Publié: 2022-04-28T08:08:12+00:00


• Ossie Clark, Peter Hinwood et Patrick Procktor lors d’un vernissage à la Redfern Gallery, avril 1969 •

© Homer Sykes

On ne peut s’empêcher de penser au titre du premier film de Schatzberg, Portrait d’une enfant déchue… Mettez-le au masculin et, n’est-ce pas, tout s’accorde merveilleusement avec Patrick Procktor, sa vie, son œuvre. En outre, cette image des Stones grimés en douairières galonnées jugée scandaleuse par les vieux de l’époque renvoyait à celle figurant en quatrième de couverture de l’autobiographie de Patrick Procktor déjà évoquée et avait servi de modèle au peintre qui en avait tiré deux tableaux. Mais je reviens à mon hôte, en bonne forme, et qui ne semble pas vouloir écourter cette « conversation dans un pressoir ». Ce pourrait être le titre de l’un de ses tableaux. On me l’a décrit comme malentendant. Ses Sonotone doivent alors faire des miracles. Une de ses déclarations m’intrigue :

« Vous avez eu un jour cette curieuse réflexion : “Parfois j’ai le sentiment que le fait de devenir sourd me permet de voir l’espace différemment.”

— Oui, je le pense. Mais vous savez, la surdité n’est pas nouvelle chez moi. Ça a commencé à Paris dans les années 1970, lorsque je m’étais mis en tête de suivre des cours de français. Je me suis rendu compte que je n’entendais pas bien ce que me disait le professeur. Je suis allé consulter et le médecin m’a annoncé que j’avais perdu vingt pour cent de mon audition. Aujourd’hui, j’en ai perdu entre soixante pour cent et soixante-dix pour cent. C’est héréditaire, mon père était sourd, ma sœur est sourde, et si je retire mes appareils auditifs je ne vous entendrai pas.

« Pour revenir à votre question, je me suis dit qu’un aveugle se situe dans l’espace par le son. Eh bien, je me suis demandé si, en devenant sourd, on ne voyait pas l’espace d’une façon plus claire. Mais impossible de vous en rendre compte si vous ne mettez pas en pratique cette intuition, après des problèmes d’audition. J’utilise mon espace de perception dans ma peinture et je l’ai toujours fait. Oui, je pense sérieusement que depuis trente ans, époque où ma surdité a commencé de s’aggraver, j’ai peu à peu visualisé l’espace plus clairement que les autres. Van Gogh a lui aussi vu l’espace d’une façon plus claire. »



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